Riad Dar Khmissa Marrakech
0%

Cannabis : le Maroc pourrait-il suivre l’exemple de la Californie ?

author
admin
janvier 2, 2018

Cannabis : le Maroc pourrait-il suivre l’exemple de la Californie ?

Alors que la Californie vient de légaliser le cannabis récréatif, le débat sur la dépénalisation de cette drogue reste timide au Maroc. La production de cannabis serait potentiellement équivalente à 23% du PIB marocain.

Désormais, il sera possible de rouler un joint en toute légalité en arpentant les rues délicieusement subversives du Castro à San Francisco. La Californie vient en effet de légaliser la vente de cannabis à usage récréatif. Le Golden State devient ainsi le sixième État américain, après l’Alaska, le Colorado, le Nevada l’Oregon et l’Etat de Washington, à autoriser la vente de produits à base de cannabis aux personnes âgées de plus de 21 ans.

En 2018, si le cannabis reste une substance illégale aux yeux de la loi fédérale américaine, plus d’un Américain sur cinq vit dans un État où la vente de marijuana à usage récréatif est légale.

Selon les estimations de Marijuana Business Daily, site spécialisé dans l’économie du cannabis, l’impact de la légalisation de cette drogue sur l’économie américaine se chiffre, pour l’année 2016, entre 16 et 18 milliards de dollars. Cet impact pourrait atteindre 26,8 à 35,2 milliards de dollars en 2017 et pourrait même grimper jusqu’à 68,4 milliards de dollars à l’horizon 2021. Soit l’équivalent du PIB du Kenya.

Un business juteux… pour l’Europe

En mars 2017, un rapport du département d’Etat américain indiquait que la production de cannabis au Maroc équivalait à 23% du PIB du pays, soit plus de 23 milliards de dollars, en tenant compte des statistiques de 2016.

Ce chiffre semble être sous-estimé. Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, la sociologue et économiste Kenza Afsahi, chercheuse au Centre Emile Durkheim (CNRS) et au Centre Jacques Berque à Rabat, indique que le chiffre avancé par le département d’Etat américain est issu du dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime qui estime la production de haschich au Maroc à 700 tonnes. Or, le rapport du département d’Etat américain parle de cannabis brut et non pas de haschich ou résine de cannabis.

Les recettes de la vente de cannabis seraient donc supérieures aux 23 milliards avancés par le département d’Etat américain.

Selon Kenza Afsahi, la culture du cannabis au Maroc a connu des changements au cours de ces dix dernières années. Les surfaces cultivées ont diminué et de nouvelles variétés hybrides de cannabis, aux rendements et au taux de THC (substance psychoactive du cannabis) plus élevés ont été introduites. Plus gourmandes en eau, en engrais et en pesticides, ces nouvelles variétés nécessitent en outre de nouvelles techniques de culture et davantage de main-d’œuvre.

De plus, « le prix de la résine de cannabis à la consommation en Europe est beaucoup plus élevé que le prix à la ferme chez les paysans du Rif, et une grande partie des recettes du marché du haschich profite à l’étranger et pas à l’économie marocaine, encore moins aux paysans dont une partie vit dans une grande précarité » ajoute la chercheuse.

La légalisation du cannabis serait-elle une solution ?

En mars 2016, un Colloque international sur le cannabis et les drogues a été organisé à Tanger par Ilyas El Omari, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM) et président de la région de Tanger-Tétouan- Al Hoceima. Pour lui, le débat sur la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques et médicinales est un combat certes politique, mais nécessaire. « Il est anormal qu’au Maroc, on plante le kif et qu’en Europe, des gens s’en enrichissent », avait- il soutenu.

Le Maroc est à mille lieues de la Californie. Seule la légalisation du cannabis médicinal fait l’objet d’un débat au Royaume. Une légalisation à laquelle s’opposent notamment le PJD et le PPS mais aussi les paysans cultivateurs. Ces derniers « craignent qu’après avoir été sous l’emprise des trafiquants, ils soient désormais sous celles des lobbies pharmaceutiques, ou que la légalisation profite à d’autres régions agricoles où il y a moins de problème d’eau, où les terrains sont plus fertiles et moins accidentés » souligne Kenza Afsahi.

En attendant, ce sont plus de 20 milliards de dollars qui partent en fumée chaque année…

Source : Lesinfos.ma

Posted in NEWSTags:

Write a comment

+

Search Room

Les champs obligatoires sont suivis de *